Cours n°1 : le test de vos compétences

Un sourire sardonique se peignit sur les lèvres de Natanaël.
*j'en suis flatté... l'elfette me compare à Urulath... J'aurais bien aimé l'avoir comme frère jumeau... à ta place. ça aurait été marrant...*

A l'intérieur de lui-même, spectateur impuissant, le véritable Natanaël ne put s'empêcher de gémir.

Les ennuis ne faisaient que commencer. "L'autre" avait un pouvoir assez spécial. Propager dans l'air une sorte d'odeur qui réveillait en ceux qui la respirait une haine profonde. Il s'inclina ironiquement devant la démone et lui dit avec un léger sourire

"- bref, non, je n'ai aucune idée de la manière de préparer une soupe de potirons, n'ayant moi-même jamais eu l'occasion d'en manger"

*Quoi ? Tu m'avais dit que tu savais !*

- Voyons mon cher, n'as-tu jamais menti ? dit "l'autre", sachant parfaitement que tous les autres pouvaient l'entendre.

Minaïta eut un léger sourire et alla à son bureau pour écrire quelque chose avant de tendre un papier à Natanaël. Ce n'était pas le moment de s'énerver, le cours devait continuer malgré tout.

"Tu viendras samedi matin dans mon bureau pour deux heures de retenue."

Et elle marqua en gros sur la case "Motif" INSOLENCE avant de lui montrer sa chaise du doigt et de lui dire d'aller se rasseoir. Elle ne savait pas ce qu'il se passait dans ce cours, mais certains avaient bien besoin d'un peu de discipline visiblement.

"Bien, maintenant que notre cher légume nous a laborieusement énoncé ce qui selon lui est dans la soupe de potiron, je vais tourner le tableau et vous aurez ensuite un quart d'heure pour préparer la soupe, puis 30 minutes pour la cuise, au bout de ces trois quart d'heure, vous aurez une note, ceux n'ayant pas la moyenne viendront samedi avec Natanaël en heure de colle et devront recommencer la potion à chaque cours jusqu'à en obtenir une satisfaisante."

La démone fit pivoter le tableau et ouvrit la porte de la salle de pratique.

"Vous avez le nécessaire sur vos tables, je vous distribue la recette maintenant"

Citation :

1)Enlever la peau et la partie filandreuse du potiron pour ne conserver que la pulpe.
Couper la pulpe grossièrement en gros morceaux (3 cm x 3).
Eplucher les pommes de terre.

2)Faire cuire à la vapeur potiron et pommes de terre
Parallèlement, faire chauffer le bouillon de volaille.

3)Passer potiron et pomme de terre ensemble dans le mortier en ajoutant régulièrement du bouillon bouillant.

4)Reverser le mélange ainsi obtenu dans une casserole.
Ajouter la crème, mélanger, assaisonner (sel, poivre, muscade) et porter à ébullition.

5) Aux premiers bouillons, retirer la soupe du feu, la verser dans une soupière avec du persil grossièrement haché.

Solène lut plusieurs fois la recette jusqu'à l'assimiler. Pendant qu'elle lisait une dernière fois, elle visualisa mentalement comment elle allait procéder à chaque étape avec quels instruments et jusqu'à quel point elle devrait retirer la soupe du feu... et surtout: comment elle ferait pour que la soupe ne soit ni trop liquide ni trop consistante.
La jeune fille prit un couteau, éplucha le potiron, retira la partie filandreuse, coupa la pulpe en morceaux. Elle éplucha les pommes de terre puis les mis à cuire à la vapeur avec le potiron. Pendant ce temps, elle mis à chauffer le bouillon, se débarrassa des épluchures, revint surveiller la cuisson des légumes en plantant la pointe du couteau dans les pommes de terre de temps en temps car elle savait que c'étaient les légumes les plus longs à cuire.
Le bouillon fut prêt avant les légumes et Solène diminua le feu. Quand les légumes furent à point, elle les transvasa dans le mortier avec l'écumoire. Elle les écrasa avec le pilon en versant par cuillerées du bouillon dont elle augmenta un peu le feu pour lui donner plus de chaleur.
L'opération terminée, Solène versa le contenu du mortier dans une casserole qu'elle mit à chauffer puis ajouta de la crème par cuillerées. Toutefois, elle n'ajouta pas tout car son potage serait devenu trop consistant puis l'assaisonna en cherchant l'équilibre entre les saveurs puis continua la cuisson en remuant le potage jusqu'à entendre la soupe frémir: signe qu'elle allait bouillir. Elle arrêta de remuer puis arrêta le feu à la première bulle.
Solène versa enfin le tout dans une soupière, remua son potage avec la louche et coupa grossièrement des feuilles de persil avec des ciseaux fins.
La jeune fille, debout, attendit avec anxiété le verdict de la professeur.

*J'ai l'impression d'être dans une compétition de patinage! La précision des gestes! Etre en rythme! Le contrôle! Rechercher l'équilibre, la perfection! Et attendre les notes du jury avec une boule dans l'estomac et la tête qui tourne!*

Génial, maintenant il était de corvée de cuisine ...

*Nan mais c'est quoi ce prof ?*

Elistan avait une grande envie – TRES GRANDE envie – de prendre ses affaires, de se lever, et de s'en aller. Mais il avait besoin de cette école. De plus, il n'avait pas envie de passer son samedi à faire des carottes à la vapeur ou Dieu sait quelle autre bétise pour le repas de midi de son professeur de potion. Il avait des choses bien plus importantes à faire, comme aller à la bibliothèque.

Sans prendre la peine de relire l'énoncé, il commença sa préparation. Il savait faire une soupe aux potirons, c'est lui qui avait cuisiné à la maison tout le temps que sa mère avait été malade. Il en profitait pour ajouter dans la nourriture quelques herbes qu'il pensait médicinales – et bien quoi, il fallait bien qu'il tente des expériences – et il regardait si l'état de santé de sa mère s'améliorait.

Il finit sa soupe dans les temps, et poussa la marmite sur le bord de la table pour signifier qu'il avait terminé. Il se demandait si mademoiselle Minaita serait honnête ou plutôt du genre à faire la dégoutée pour trouver une raison de coller tout le monde et ainsi trouver des larbins qui lui ferront à manger ...

Eris parcourit la salle pour surveiller ses élèves qui préparaient -plus ou moins efficacement- leur potage au potiron. Lorsque ses deux élèves en spécialité semblèrent avoir terminer, elle vint d'abord s'asseoir à côté de Solène.

"Tu as été assez rapide... Je t'ai observée, je ne sais pas trop quoi te dire... si ce n'est que je ne peux que la goûter pour te donner ta note."

Ce disant, elle se pencha sur la table et saisit une petite cuillère en argent avant de la tremper dans la soupe et d'en sortir un peu de liquide. Soufflant doucement dessus pour faire baisser la température, elle y porta les lèvres et en but quelques gouttes... Sucré, salé, doux et âpre, un peu fibreux mais le goût du persil rattrappait cela. Elle reposa la cuillère, esquissant un sourire -chose qu'elle ne faisait jamais!

"C'est... imparfait. Tu aurais dû la laisser chauffer plus longtemps, on sent encore la fibre du potiron. Le goût est cependant largement rattrapé, malgré ce petit détail, ta soupe est presque parfaite... 16 sur 20, tu peux ranger tes affaires, n'oublie pas d'emporter un exemplaire de la recette. Oh eh, Solène! Le premier cours de spécialité aura bientôt lieu, ton travail est exactement celui que j'attends d'une élève ayant pris ma spécialité."

Sur ces félicitations, elle se leva avec sa cuillère à la main et repris son air de perfection pouponesque (si si, ça existe ce mot! xD) et alla s'asseoir à côté d'Elistan.

*Il tire toujours la tronche celui-là dis donc... Des baffes que je lui mettrai moi, pour que ça rentre dans sa caboche ><*

"Tu as fait ça très rapidement, peut-être même trop rapidement... Mais laisse-moi goûter à ça..."

Elle touilla un peu la cuillère dans la marmite et fit une grimace avant de prendre quelques gouttes et d'y poser le bout de ses lèvres. Ses sourcils se froncèrent, elle eut un air mécontent.

"Monsieur Thylocost... votre soupe est fade, sans goût, sans amour et sans effort. Les ingrédients sont mélangés à la perfection, il n'y a aucune faute de cuisson, et vous avez rajouté du... -elle mit son nez au dessus de la casserole- du beurre frais de ce matin si je ne m'abuse... En temps normal vous auriez eu 17, mais puisque vous avez l'air de considérer ma matière comme un amusement et même pire, une fête ratée, je vous mets un petit 12, apprenez à sourire que diantre! Et arrêtez de vous sentir supérieur. Ici vous êtes avant tout élève, retenez bien ça!"

Son visage s'adoucit et elle posa la cuillère sur la table.

"Vous pouvez partir, je vous préviendrai de notre prochain cours en spécialité uniquement. Si vous avez besoin d'aide, n'oubliez pas que je suis dans mon bureau."

Lui faisant un léger sourire, elle retourna se placer près du tableau pour caresser sa tendre Haïma qui sifflait d'impatience d'avoir son déjeuner. Soudain, la porte s'ouvrit pour laisser entrer un jeune homme. Plutôt grand, plus grand qu'elle, et qui semblait s'être trompé de salle tellement il paraissait peu sérieux.

"Veillez excuser mon retard professeur. "

Veuillez? On lui donnait des ordres maintenant? Jetant un regard mauvais à l'importun, elle soupira et se dit que ça ne servait à rien de s'énerver, surtout contre un si charmant jeune homme.

"Le cours a commencé depuis trois quart d'heure, tu peux encore réaliser la potion mais cela te fera certainement rester à la fin du cours. Sache que si tu la rates, perte de temps ou non, tu viendras en cours avec monsieur Salsifis- c'est bien ça votre nom? Samedi matin."

Puis, sûrement pour ne pas paraître trop gentille, elle frappa sur son bureau et lui montra la place juste devant elle.

"Installe-toi là. Quel est ton nom?"

[HRP: Logg, ta signature déforme tout le forum Au s'cour! xD]

( Déforme ? Tu veux dire que ça va pas avec le reste ou qu'il y à des bug ? )

" Logg Mostrum, madame..."

Comme il avait pu le pressentir, le professeur était, comment pourrait-on le dire sans être vexant.... sur les nerfs ! Voilà, c'est l'expression qui convient. N'ayant pas grand chose à redire il alla s'installer à la place indiquée et fit profil bas.

Il commenca la recette demandée: la soupe au potiron. Il n'était pas doué outre mesure en cuisine, mais cela ne devait pas être sorcier, enfin si mais bon... Alors il s'attella à sa tâche en s'appliquant:

Il prit soin de réunir les ingrédients devant lui, il prit le temps de les peser, en ne gardant que ce qui lui paraissait correct et en rangant sur le côté tout surplus. Puis commença réelement:

Il observa la portion de potiron mit à disposition, pas fameux ! Mais si on demande aux plus grand chefs, ils savent créer le meilleur à partir de rien, alors Logg devra s'en contenter. Il recoupa le potiron, en deux, saisit une cuillère en bois et gratta soignesement les pepins, ensuite il le coupa de nouveau pour obtenir des petit cube de 10cm tout au plus. Il alluma le feu et placa la casserole au dessus, il y versa de l'eau jusqu'au quart, puis ajouta les dés de potiron. Pendant que la cuisson se faisait, il préparait les autres ingrédients pour la suite de la recette. Il ne metterait pas de persil, qui donait pourtant un si bon goût mais qui primait trop sur le gout très peu prenoncé du potiron

* Pour reussir un recette comme celle-çi, il faut bien réflechir avant d'ajouter les ingrédients, il faut presque sentir dans la bouche le gout du résultat final si tel ou tel ingrédients est ajouté, pour prévoir une erreur. *

La cuisson continuait, Logg décida d'ajouter les huit pommes de terre, coupées en dés elles aussi, au potiron qui cuisait, il pensait que le rendu serait meilleur car la soupe de potiron avait un défaut, elle était souvent trop liquipe et pas assez consistante, la pomme de terre cuite, c'est à dire la purée, allait probablement épaissir le tout sans pour autant modifier trop le goût.

Au bout de quelque temps, le jeune invocateur gouta la soupe, et la trouva assez cuite, il baissa le feu au minimum et ajouta une noix de beurre, salé bien sur, comme cela il n'y aurait pas de risque de trouver les grains de sel non fondus, mais le goût salé serait tout de même là.

Pour finir, et après avoir enlevé la caserolle du feu, Logg ajouta une cuillère de crème fraiche et soupoudra très légèrement de poivre. A l'aide de la cuillère il tourna quelques secondes pour bien homogéniser le tout, et gouta. Il se retint d'en penser quoi que ce soit, son professeur aurait surement un avis bien plus éclairé que le sien. Il attendit donc, devant lui la casserole fumait en laissant s'échapper les arômes du beurre et de la crême qui dansaient autour de celle-çi.

*Non mais pour qui elle se prend cette espèce de …*

Elistan prit une profonde inspiration pour garder son calme. Il était rare qu’il perde son sang-froid, mais il refusait de le perdre à cause d’inepties du genre. On est dans un cours de potion ou pendant le concours du plus beau sourire de l’école ? Il n’était pas venu ici pour sourire mais pour apprendre.

Et l’amour, qu’est-ce que l’amour a à faire là dedans ? Comme elle lui avait dit, les ingrédients sont parfaitement dosés et la cuisson parfaite. Il méritait donc un 20/20 et il le savait pertinemment. C’est juste que cette chose qui se prétend professeur – il n’était pas encore totalement calmé – se base sur des critères de notation subjectifs.

Et puis enfin, sa matière comme un amusement ? Comment ne pas rire de ses méthodes d’enseignement ? Elle aurait très bien pu faire préparer une potion basique comme une bête potion de sommeil par exemple. Elistan ne pensait pas qu’une soupe au potiron n’a jamais eu de qualités curatives.

Elistan connaissait ses qualités ainsi que ses défauts. Son air supérieur venait de cette connaissance de ses capacités. Maintenant totalement calmé – cela lui ayant pris seulement quelques secondes, c’était plus que suffisant – il pût retrouver son attitude sarcastique qui le caractérisait si bien. Il s’inclina donc devant Minaïta et lui fit un de ses sourires.

"Merci bien de votre proposition généreuse. Et merci aussi pour ce cours passionnant, au revoir madame."

Il prit ses affaires et quitta la salle de classe tout en ricanant à l’intérieur de lui.

Eris fit un léger sourire à Solène et un signe de tête à Elistan lorsqu’ils quittèrent la salle. Les deux premiers à avoir fini évidemment, ses élèves en spécialité. La démone se dirigea d’abord vers son élève ailé, en se demandant s’il avait aussi la cervelle de piaf en plus des ailes et alla s’asseoir à côté de lui.

« Pousse toi un peu que je goûte ça… »

Elle prit entre ses doigts fins la cuillère en argent et la trempa dans la soupe. Velouté, crémeux… il avait l’air très bon. Se léchant les babines, elle dégusta une petite cuillère en fermant les yeux pour se concentrer. Hmmm étrange… Il n’avait pas tout à fait suivit la recette, et pourtant, le résultat n’en était pas détérioré. Même mieux, il en était amélioré. Cet élève n’était décidément pas comme les autres. Etrange et inhumain même, mais pas à son image, non, lui était juste… original.

« Vous n’avez pas suivit la recette à la lettre, sinon vous auriez mis moins de crème, moins de potiron, et aurez haché les pommes de terre plus finement mais… le résultat, le goût et l’apparence ne s’en trouvent pas déformées, enfin, si, mais en bien, donc monsieur Aggelos… »

La démone posa calmement la cuillère sur la table en se raclant la gorge. Jamais elle n’aurait cru dire ça à un… ange ? Un être qu’elle abhorrait ordinairement, un être qui était tout le contraire d’elle-même mais… Non, elle ne pouvait pas, quelle note lui mettre ? Être arbitraire revenait à se le mettre à dos… Pauvre petite créature…

« Pour ne pas avoir suivit la recette, vous perdez trois points… Ce qui vous fait un petit quatorze, vous vous en sortez bien, mais rappelez vous que ce n’est pas dans l’originalité qu’il faut concocter les potions mais dans la rigueur… Vous pouvez ramasser vos affaires, le cours est terminé pour vous. »

Sans un sourire, Eris passa à côté de son bureau et se pencha pour ramasser quelque chose dans une caisse avant de siffler Haïma et de le lancer dans une cage qui était très visiblement la sienne. C’était l’heure du repas, le Boomslang l’avait lui-même compris.

La démone se dirigea vers la table du petit nouveau en constatant avec un certain étonnement qu’il avait déjà fini sa soupe. Elle touilla un peu la cuillère dans la soupière et fronça le nez. Jetant un regard de tueur à Logg, elle lécha un peu de la soupe avant de déglutir avec difficulté… Il cherchait à l’empoisonner ?

« Monsieur Mostrum, avez-vous par le plus grand des hasards pensé à nettoyer le chaudron que l’on a mis à votre disposition ? »

Elle se leva et siffla Haïma qui grimpa en sifflant le long de la jambe du garçon avant de monter sur la table et jusque sur le chaudron. Le boomslang siffla et approcha sa gueule du chaudron avant de repartir à fond la caisse à l’autre bout de la pièce.

« C’est bien ce que je pensais. C’est dommage. Une négligence pareille lors d’une préparation « réelle » de potion peut vous être fatale, mais cette soupe a l’air très bonne, je n’en goûterai pas plus, vous devriez aller à l’infirmerie si vous avez bu de cette soupe, il restait un peu de… pus de basilic nain. Oui je sais, c’est dégoûtant. Je comprends que le temps vous a manqué, donc je ne vous mettrai pas de note, mais ne faites pas une deuxième fois l’erreur, compris ? »

La démone prit une fiole et en versa une goutte dans la soupe qui disparut dans un gros « POUF » comme de ces vieux tacots qui crachent leurs poumons de cendres et de goudron.

« Vous pouvez partir, soyez plus vigilant, à l’avenir »

La professeur retourna près du tableau et se mit à caresser Haïma qui s’était enroulée paisiblement autours de son cou… Si elle serrait, elle allait avoir affaire à elle…